Utilisées depuis des millénaires (des papyrus attestent de l’utilisation de “plantes de vie” par les égyptiens depuis 4500 avant J-C), les huiles essentielles ont aujourd’hui le vent en poupe. En effet, l’aromathérapie moderne (terme créé dans les années 1920 par René Maurice Gattefossé, qui après s’être brulé a plongé ses mains et avant bras dans un seau d’huile essentielle de lavande fine, et a ressenti un soulagement immédiat, tiens donc..) n’a plus à prouver son efficacité dans le soin des petits maux du quotidien. Et si, dans une démarche de transition écologique, ou tout simplement d’une consommation plus responsable, on se dit qu’il vaut mieux diffuser quelques gouttes d’huile essentielle plutôt que de s’enfiler trois fois 1000mg de paracétamol dans la journée, on oublie parfois que les huiles essentielles ne sont pas complètement inoffensives pour nous ou pour la planète.

 

Alors, les huiles essentielles sont-elles vraiment tes meilleures alliées pour une vie plus saine ?

 

L’huile essentielle (ou essence végétale) est un extrait concentré de molécules de plantes. Il existe plusieurs méthodes pour l’obtenir :

  • La distillation à l’eau : la matière première (feuille ou fleur) est plongée dans l’eau puis portée à ébullition dans un alambic. Une fois le mélange refroidi, l’huile essentielle et l’eau se séparent. 
  • La distillation à la vapeur d’eau : on fait passer de la vapeur d’eau à travers la matière première placée dans l’alambic. La vapeur provoque l’ouverture des cavités des plantes, qui libèrent sous cet effet les molécules d’huile. La vapeur (qui contient donc l’HE) est ensuite dirigée vers un système de refroidissement où elle se liquéfie et de fait se sépare de l’huile essentielle. C’est la méthode la plus utilisée.
  • L’hydrodiffusion : c’est une autre forme de distillation à la vapeur qui utilise moins d’eau. La vapeur passe par la matière première par le haut, et la condensation du mélange vapeur/huile se fait directement sous la grille retenant la matière première. Ce processus est plus court et le rendement en huile est meilleur que les précédents.
  • L’extraction au dioxyde de carbone : cette méthode est récente et produit des HE d’excellentes qualités, mais est très coûteuse. Le dioxyde de carbone est chauffé à 33°C, où il possède des propriétés des états gazeux et liquide, ce qui en fait un très bon solvant pour l’extraction des HE qui nécessitent une basse température. Il ne produit également aucune interaction chimique avec l’HE extraite.
  • La pression mécanique à froid : utilisée principalement pour les agrumes, c’est la même méthode que pour les huiles type olive ou coco. Elle n’implique aucune chaleur et peu d’eau.
  • L’extraction par solvant : des solvants tels que l’éther de pétrole, le méthanol ou l’éthanol sont utilisés pour extraites les huiles essentielles des matières premières ne supportant pas la chaleur (c’est le cas du jasmin par exemple). L’HE obtenue est très concentrée.

 

Tu l'auras compris, la fabrication d’huile essentielle demande beaucoup d'énergie. Heureusement, certaines en demandent bien moins que d’autres.



Huile essentielle = déforestation ?

 

Oui… et non. Comme dans bien des domaines (tout?) je pense sincèrement qu’il y a une palette de nuances à prendre en compte entre le blanc et le noir.

Il faut une grosse quantité de matière première pour produire l’huile essentielle. Mais quand il faut 7kg de boutons floraux de giroflier, il faut 2000kg d’écorce d’orange pour produire 1kg d’huile. Et quand 150kg de sommités fleuries de lavande vraie sont nécessaires pour produire 1kg encore, il faut 4000kg de pétales de roses, soit un champ entier ! Les huiles essentielles ne sont donc pas logées à la même enseigne, et heureusement.

La cueillette sauvage quant à elle, si elle n’est pas encadrée de façon durable et responsable, menace certaines plantes (c’est le cas en Europe de l’Est).

 

Alors, comment les utiliser avec raison ?

 

Bien qu’elles s’inscrivent dans une tendance nature-écolo-zéro déchet, il n’est pas utile d’essayer d’avoir la plus grande collection de petits flacons magiques de ton entourage. Utilise les huiles essentielles donc TU as besoin de façon régulière (si tu as besoin d’une huile pour une seule utilisation, peut-être que quelqu’un peut t’en céder quelques gouttes, où bien tu peux peut-être trouver une alternative qui éviterait d’acheter un flacon pour n’utiliser que 5 gouttes avant de l’abandonner au fond d’un tiroir), pour leurs propriétés et non pour leur parfum uniquement. Dans la fabrication de mes savons (deux recettes contiennent des HE) j’utilise uniquement deux HE différentes et avec parcimonie : quand 120 gouttes sont préconisées pour la fabrication, je n’en utilise que 60 ou 80 selon la recette. On bénéficie alors toujours des propriétés, et le parfum est toujours présent (oui parce que quand même..) bien que discret.

 

Si tu n’imagines pas ta vie sans un parfum en particulier, peut-être existe-t’il une fragrance naturelle équivalente. Les fragrances naturelles ne nécessitent que peu de matières premières, sont exemptes de toxicité et plus facile d’utilisation.

 

Choisis les bio et (si possible) locales : on élimine les huiles essentielles extraites par solvant (tu auras compris que la méthode n’est pas jolie jolie pour dame nature, ni pour les personnes qui y travaillent) et on favorise une agriculture locale et durable. Il est assez simple de trouver de l’huile essentielle de lavande fine française par exemple. Si l’huile essentielle provient d’une plante exotique, assure-toi qu’elle est cultivée dans de bonnes conditions pour la Terre et l’humain, et si la plante est issue de la cueillette sauvage, vérifie au préalable que la plante en question n’est pas menacée (exit les huiles essentielles de bois de rose et de bois de Hô, rares et qui contribuent à la déforestation).

 

Voici quelques marques qui proposent des huiles essentielles bio et de bonne qualité : Ladrôme, Pranarome, Florame, La Compagnie des sens, de Saint Hilaire (j’utilise cette dernière dans les produits de la boutique).

 

Si tu es motivé, tu peux aussi essayer de la fabriquer ! Internet regorge d’informations et de kits de fabrication maison, alors à vous de jouer ! Si la matière première provient de votre jardin où du champ d’à côté, alors vous ne pourrez pas faire plus local.

 

Dernier point (et pas des moindres), apprends à connaitre les huiles essentielles : certaines variétés sont toxiques pour l’homme car elles contiennent des cétones qui influent sur le cerveau, et d’autres le sont pour la faune et la flore lorsqu’elle sont rejetées dans l’environnement (principalement les huiles essentielles d’agrumes, donc on cesse d’en ajouter dans ses produits d’entretien maison qui partent directement on ne sait où).

 

Pour terminer, je tenais à te proposer un petit Top/flop des huiles essentielles, pour t’aider à faire ton choix parmis toutes celles qui existent :

 

5 huiles essentielles à faible impact environnemental

  • Lavande fine et vraie : cicatrisante, apaisante, antiseptique
  • Géranium rosat : anti moustique, antifongique, cicatrisante
  • Menthe citronnée : antispasmodique, tonique digestive et sexuelle
  • Arbre à thé : antibactérienne, antifongique, antiparasitaire, antivirale, anti-inflammatoire
  • Ylang-ylang : antispasmodique, anti-inflammatoire, antiparasitaire

 

5 huiles essentielles à fort impact environnemental et humain

  • Camomille matricaire
  • Canelle
  • Thym à thymol
  • Eucalyptus globulus
  • Menthe verte et poivrée



Ces deux listes ne sont bien sûr pas exhaustives, mais elles te permettront peut-être de commencer à faire des choix. En effet, beaucoup d’huiles essentielles ont des propriétés en commun, inutile donc de toutes les avoir. Crées toi une petite trousse pour la bobologie du quotidien, et ça suffira.