Il existe aujourd’hui une quantité plutôt astronomique de savonniers, qu’ils soient artisanaux ou industriels, chacun avec leur méthode de fabrication et leurs recettes, et à tous les prix. Alors comment s’y retrouver et faire le bon choix en fonction de ses attentes personnelles ?

Zoom sur les savons et leurs méthodes de fabrication pour t’éclairer et t’aider à consommer le savon de façon totalement consciente.

 

Tout d’abord, qu’est-ce qu’un savon ?

Un savon est le résultat final d’une réaction chimique appelée saponification entre un corps gras (huile végétale, beurre, graisse animale…) et un agent alcalin fort (la soude caustique pour les savons solides et la potasse pour les savons liquides). La recette de base est donc la même pour tous les savons. En revanche, le résultat n’est pas le même selon la méthode de saponification utilisée.

La saponification, késako ?

Il existe deux types de saponification : à froid ou à chaud. Je t’explique en détail ces deux méthodes :

 

La saponification à chaud

La saponification à chaud est la méthode la plus technique des deux, et c’est également la plus controversée, car très utilisée par les industriels.
Les huiles sont chauffées (bien souvent de l’huile d’olive ou de palme car elles supportent bien la chaleur), puis la soude est ajoutée. Le savon cuit ensuite durant plusieurs heures selon la recette ou le type de savon. C’est lorsque l’on obtient la pâte de savon que l’on peut ajouter d’autres huiles qui ne supportent pas la chaleur, les parfums, colorants ou autres additifs. Une fois la cuisson terminée (au four ou au chaudron), le relargage est effectué : il permet de terminer complètement la saponification en finissant d’enlever l’excès de soude (ou de potasse). C’est pendant cette étape que la glycérine est éliminée, malgré qu’elle soit bénéfique pour la peau. Le savon est ensuite moulé, et bien qu’il soit préférable d’attendre il peut tout à fait être utilisé de suite.

 

La saponification à froid

Comme son nom l’indique, c’est une méthode qui ne nécessite pas de chauffer le mélange. Le corps gras est simplement mélangé à la soude et l’eau, puis le tout est mixé jusqu’à obtention de la trace. C’est après l’obtention de la trace que les parfums, colorants ou additifs sont ajoutés. Le mélange peut être ensuite coulé dans le moule, puis démoulé 24h après et enfin laissé sécher pendant au minimum 4 à 5 semaines (compliqué d’avoir une production industrielle vu le délai, tu l’auras compris). Dans cette méthode, la glycérine qui apparaît naturellement pendant la saponification n’est pas éliminée, ce qui de façon générale permet d’obtenir des savons beaucoup plus doux pour la peau et mieux adaptée aux peaux sensibles. On peut également utiliser tout type d’huile ou de beurre car le mélange n’étant pas chauffé, il n’y a aucun risque de dénaturer la matière première.

 

Maintenant que la fabrication de savons n’a plus de secret pour toi, voici un petit récap’ des savons traditionnels que l’on connaît tous

 

Le savon de Marseille

Pour fabriquer un savon de Marseille dans les règles de l’art, le savon doit comporter 72% d’huile végétale dont l’huile d’olive et doit contenir au maximum 7 ingrédients. Le plus souvent, il est composé d’huile d’olive et de palme. Il est saponifié à chaud au chaudron, et ne contient ni colorant, ni conservateur. L’appellation “savon de Marseille” n’est pas protégée, n’importe qui peut prétendre en fabriquer : attention donc à ce que tous les critères soient réunis pour être sûr d’acheter un produit de qualité.

 

Le savon noir

Tout droit venu du Maghreb, le savon noir est fabriqué avec de l’huile d’olive, de l’olive noire et de la potasse (et non de la soude comme pour les savons solides). Il est saponifié à chaud au chaudron. On peut parfois y trouver des huiles essentielles.

 

Le savon de Castille

Le savon de Castille (qu’on appelait aussi Savon des rois) est le seul saponifié à froid de cette liste. Il se compose uniquement d’huile d’olive, de soude caustique et d’eau. Rien de plus. Aussi polyvalent que le savon de Marseille, c’est également un des savons les plus doux qui soit. C’est le premier savon que j’ai proposé sur la boutique, que je réalise avec une huile d’olive extra vierge bio.

 

Le savon d’Alep

Le savon d’Alep est obligatoirement fabriqué dans l’agglomération Syrienne. Il est composé d’huile d’olive qui est saponifiée au chaudron, et d’huile de baie de laurier qui est ajoutée après cuisson car elle ne supporte pas la chaleur. Le savon est laissé à reposer environ 8h avant d’être découpé puis mis à sécher pendant 6 à 9 mois.

 

 

 

 

Et puisqu’on est dans les récap’, voici une petite liste des additifs pas top top car considérés comme perturbateurs endocriniens, et donc à éviter :

  • Laurylsulfate de sodium : agent moussant, facilement absorbé par la peau, irritant cutané, polluant. [sodium lauryl sulfate]
    Triclosan : conservateur toxique qui influe sur le fonctionnement de la thyroïde. [triclosan]
  • Fragrances/parfums de synthèse : composés en grande partie de phtalates (ingrédient plastifiant), toxiques pour l’environnement. [parfums]
  • Les parabens : rapidement absorbés par la peau, allergènes. [suffixes en -paraben, phenoxyethanol, methylisothiazolinone, toluène]
  • Oxyde d’éthylène et éther de glycol : utilisés pour remplacer les parabens, allergisants, irritants, cancérigènes. [préfixe PEG, PPG, macrogol, poloxamer]
  • Huiles minérales : comédogènes, peuvent contenir des métaux lourds et des molécules d’hydrocarbures cancérigènes. [mineral oil, cera microcristallina, synthetic wax, paraffin, petrolatum, ceresin, ozokerite, vaseline]

 

 

Pour conclure, je dirais que, comme dans beaucoup de domaines, plus la liste des ingrédients est courte, meilleur est le produit !